3e semaine: Thame - Parchamo - Lukla


Lundi 8 novembre: Thame (3800 m) - camp au-dessus de Tengpo (4600 m)

Dénivelé: +800m
Horaire: 4h40 total, 3h20 de marche

Maud
Les choses sérieuses commencent, nous quittons Thame pour le camp de base du Parchamo à 4600m. La montée est plaisante et il fait chaud, nous sommes en T-shirt. Nous nous arrêtons un peu avant Tengpo pour déjeuner dans un pré au bord de la rivière. Nima nous a cuisiné d’épaisses galettes goutteuses à souhait. Nous repartons et arrivons à Tengpo qui se situe juste au-dessus d’une large plaine parcourue par une rivière qui se partage en plusieurs bras. L’eau est limpide et on peut compter les petits cailloux qui forment le lit de la rivière.
Nous arrivons au camp de base, il n’y a personne. Nous montons rapidement les tentes, car les nuages et le froid arrivent. Les porteurs vont ramasser des bouses de yacks séchées pour alimenter le feu. Nous rencontrons un couple de Chamonix qui a tenté le Parchamo ce matin. Il ont passé la nuit au col et n’ont pas fermé l’œil de la nuit à cause des chutes de pierres incessantes juste à côté de leur tente. Il faut dire que le camp avancé est situé juste sous une falaise et que cela dégage pas mal. Ils nous conseillent de placer notre tente tout contre la paroi afin de bénéficier du « toit » protecteur de la falaise.

Alain
Pas d'alerte gastrique cette nuit! Départ tranquille vers 8h20 et une première petite montée pour récupérer le sentier au-dessus de Thame. Ensuite, jusqu'au gompa, le joli chemin monte sous les sapins et on longe de nombreuses pierres gravées de mani (prières), des chortens et des moulins à prières. Le chemin est agréable et facile, et continue à flanc. Depuis la place où nous nous arrêtons pour manger, je suis sûr d'apercevoir le Parchamo! A vérifier! En tout cas, la vallée est très belle et sauvage, et la marche à 4000m est désormais vraiment facile!
La suite du chemin grimpe un peu plus. Nous longeons encore un moment la rivière, très calme à cet endroit, on pourrait y pêcher des truites. Nous montons ensuite à Tengpo, petit hameau. Nous continuons notre chemin jusqu'à un replat où nous pouvons planter les tentes. Le vent commence à souffler.
Nous discutons un long moment avec un Français d'une soixantaine d'années, habitant Chamonix, et qui redescend du col Tashi Lapsa. Les nouvelles ne sont guère encourageantes: vent violent au col, chutes de pierres incessantes vers la falaise qui le surplombe. Ils (lui, sa femme et leur guide) ont fait une tentative ce matin vers le Parchamo, mais ils ont renoncé. Nous maintenons notre montée au col demain (5 à 6h) et ensuite on avisera.
Kaji passe notre équipement en revue, c'est OK. Il fait très frais, nous sommes à l'ombre et dans la tente dès 15h00!

 

Mardi 9 novembre: camp au-dessus de Tengpo (4600 m) - camp avancé (5400 m)

Dénivelé: +800m
Horaire: 4h10 total

Maud
Pas super bien dormi cette nuit. Nous déjeunons au soleil, il fait bon. D’ailleurs il n’a pas fait froid durant la nuit, mais les hurlements du vent m’ont un peu empêchés de dormir.
Nous partons vers 8h20 pour rejoindre le col Tashi Lapsa à 5700m. D’après Kaje il nous faudra 4h. J’ai un peu des doutes, les français ayant mis 4h pour descendre ! Nous montons gentiment le long du sentier, puis dans la moraine et comme toujours au Népal, les moraines c’est l’horreur. Je suis déjà fatiguée après 3h de marche et j’ai un coup de pompe. Nous nous arrêtons pour boire du thé et manger une barre, Kaje notre guide est loin devant. Nous avons croisé des français qui ont tenté le sommet hier, ils nous confirment que la vie au col n’est pas de tout repos. Nous ne nous réjouissons guère d’être là-bas.
Après 4h de marche, nous arrivons sur une sorte de replat 300m sous le col. Kaje prépare des emplacements pour les tentes à l’abri de gros rochers. Le vent souffle tellement fort qu’il est presque impossible de tenir debout. Le premier porteur arrive, c’est Pasang, puis le deuxième mais sans bagages ! Discussion entre Kaje et le porteur : ils ne sont pas contents, cette étape est trop pénible, ils ne veulent pas monter au col et même pas jusqu’au camp que nous préparons. Pasang repart chercher la charge du 2ème porteur et les autres porteurs. Il ramène toute la troupe et nous montons le camp. Certains ne sont vraiment pas contents et redescendent immédiatement au camp de base.Les deux Pasang et Lapsang nous aident à monter la tente et à coincer les sardines sous de gros blocs, ils sont adorables. Alain part casser de la glace au piolet pour que Nima puisse faire la cuisine, il rentre essoufflé et aura mal au dos le lendemain.
Le soleil chauffe la tente qui résiste aux coup de vent, nous déjeunons puis dînons dans la tente avec en prime un magnifique coucher de soleil sur les sommets.

Alain
Pendant la nuit un vent chaud descendant du col a soufflé, maintenant des température pas trop froides. Nous trions nos affaires car nous allons laisser ici un sac et 2 porteurs. Le départ s'effectue doucement, nous sommes un peu fatigué, malgré l'altitude "modeste". J'ai les jambes lourdes et Maud a le souffle court. Après 1h, le chemin traverse des éboulis, puis une moraine. Il devient pénible et ne contribue pas à accélérer l'allure. Kaji part devant, nous ne le reverrons qu'au camp! Nous marchons en silence, l'ambiance est un peu lourde.
Nous croisons un groupe de 3 Français qui tentaient l'ascension hier. Je les arrête et engage la conversation. Ils ne font que confirmer, hélas, ce que nous savons: le camp classique sous la falaise au col est un véritable champ de tir et le vent y souffle très fort. D'autre part, un sherpa mort est emballé dans un sac rouge de l'autre coté du col... Ils sont montés jusqu'à 100m du sommet avant de redescendre pour éviter de passer une 2e nuit au col. Ces infos ne contribuent pas à alléger l'ambiance, j'ai un peu l'impression de me rendre à l'abattoir.
Nous continuons néanmoins notre rude montée et débouchons sur la glacier, tout à fait accessible sans crampons. Nous le remontons en pestant, car Kai est invisible! Puis un cri et nous l'apercevons sur un replat rocheux. Nous le rejoignons et donnons notre accord pour passer la nuit ici plutôt qu'au col. Cela élimine un souci, et non des moindres: les chutes de pierres. Je reviens sur mes pas afin de guetter les porteurs pour les guider au bon endroit. Pasang-le-Vieux (il sont 2) arrive, puis Tenji, sans matériel ! Il veut se plaindre de je ne sais quoi, et part discuter avec Kaji. En attendant, Pasang redescend chercher le panier de Tenji. Merci!
Nous montons les tentes sur les cailloux et dans le vent, ce n'est pas triste! Mais le résultat est honorable. Souper à 17h, demain réveil à 2h30. Le vent faiblit à la tombée de la nuit, mais quelques bourrasques nous donnent toujours l'impression que tout va s'envoler!

 

Mercredi 10 novembre: camp avancé (5400 m) - Parchamo (6273 m) - camp (5400 m ) - Thame (3800 m)

Tentative jusqu'à 5800m

Dénivelé
: +400m -2000m
Horaire: 11h10 total, 9h40 de marche

Maud
Et bien quelle journée !
Réveil à 2h30 avec du thé et de la soupe aïl-poulet ! Cela ne s’invente pas, rien qu’à l’odeur mon estomac se retourne. Je me sens fatiguée et mon estomac a de la peine à se réveiller. Après une préparation ardue, habits chauds, grosses chaussures et baudriers, nous voilà parti. Nous découvrons avec stupeur le poids des sacs. En effet aucun porteur ne veut monter au col avec nous, nous devons donc tout porter, cordes, piolet, crampons, thé, pic-nic, … environ 10kg par personne et 25kg pour le guide. Nous partons quand même, mais cela va nous coûter le sommet.
2h30 nous sont nécessaires pour atteindre le col, c’est une montée très raide dans les éboulis et des barres rocheuses à escalader, escalade facile (2) mais de nuit et entre 5500 et 5700 avec 10 kg sur le dos, ce n’est pas terrible. Mon p’tit déj a fait demi-tour depuis longtemps et Alain qui porte maintenant 2 cordes a les pieds gelés. Nous essayons de les réchauffer une fois arrivés au col, sans grand succès. Tout le monde est fatigué, même Kaje, il est passé 6h. Nous décidons de ne pas tenter le sommet et nous promenons en direction du col et jusqu’à l’épaule du Parchamo 5800m, avant de redescendre. Nous expliquons à Kaje que ces cordes sont trop lourdes, il trouve un porteur d’un autre groupe qui accepte pour 300 roupies de les redescendre. Nous rejoignons le camp et Alain se repose pendant que je fais sécher les affaires. Nous dînons à 9h et plions le camp. Les porteurs qui étaient redescendus au camp de base remontent et nous partons tous en direction de Thame que nous atteindrons vers 14h30.

Alain
J'ai passé la nuit quasiment habillé, afin de gagner du temps ce matin (peine perdue) et pour éviter d'avoir à enfiler des habits froids. Le petit-déjeuner commence avec une Garlic Soup (sic!), difficile à ingurgiter à 2h30 du matin! Maud en aura l'estomac définitivement retourné pour la journée! Nous nous préparons tant bien que mal et finissons nos sacs, un peu dans la précipitation. Je porte mes pantalons plus ma salopette de ski de rando, un sous-pull longues manches, 1 polaire-100, une polaire-200, une polaire-300 et ma grosse veste! Cela va vite s'avérer trop, beaucoup trop, et trop lourd! Kaji nous réserve une surprise: 1 corde fixe à porter chacun!. Les sacs sont lourds!
Nous attaquons la moraine, puis une vire inclinée à env. 50° permet de contourner la barre rocheuse par la droite. Cela devient vite pénible: j'ai trop chaud, je suis engoncé dans mes vêtements. Maud ne se sent pas très bien et je prends sa corde. Mon sac doit peser dans les 15 kg, il est plus lourd que lorsque nous partons faire une course avec nuit en refuge. Kaji est également lourdement chargé: 20-25 kg! J'apprendrai plus tard que nous transportons 400m de cordes fixes! Une folie! Cependant, la nuit à 5000m est splendide et un fin croissant de Lune va rapidement occulter une planète (Vénus ?).
Nous finissons par arriver au col en 2 1/2 h. Je m'arrête en pestant et m'assois sur des rochers, près du camp classique (pas une pierre ne semblent tomber...). Je suis à deux doigts de laisser mes cordes fixes sur place, d'autant que Kaji est de nouveau parti seul devant. Mais un problème plus urgent m'accapare, j'ai les pieds gelés. Je tente de les réchauffer, mais en vain. Je crois que le problème vient des chaussettes, en laine. C'est vrai que je transpire trop vite dans cette matière. Finalement ce choix fut mauvais!
Nous mettons nos crampons et partons en direction du col proprement dit. Le jour s'est levé et les premiers rayons frappent le Parchamo. C'est très beau! Nous voyons un groupe déjà assez haut, dans une grande pente d'environ 40-45°. Cela ne semble pas plus raide que le Glacier du Milieu à l'Aiguille d'Argentière. Alors pourquoi des cordes fixes?
Nous atteignons le col puis revenons en direction d'un épaulement au pied de la face, histoire de rentabiliser notre montée. L'ambiance est comparable à celle du Mont-Blanc: grandes croupes neigeuses et ciel bleu foncé. Nous avons déjà décidé de renoncer au sommet: Maud est toujours nauséeuse, mon sac est toujours trop lourd, même si j'ai déposé une corde fixe aux pieds de Kaji, et il est déjà 7h30.
Nous descendons péniblement le chemin que nous avons monté de nuit. Nous arrivons au camp à 8h40 et je m'écroule. Maud a la gentillesse de s'occuper de mes affaires et de les empaqueter.
Nous descendons directement à Thame, c'est long mais cela permet de dormir dans la sympathique lodge d'Apa. Quand nous arrivons, celui-ci est d'ailleurs en pleine interview avec des journalistes allemands. Nous discutons ensuite un moment avec lui. Il est vraiment adorable, humble et gentil!

Parchamo - Les raisons d'un abandon.
D'un point de vue technique, ce sommet paraît abordable, PD+ semble la cotation correcte. Regrets. L'échec de notre ascension est dû à une accumulation de problèmes d'organisation, de logistique. La nausée de Maud ce matin-là n'a rien arrangé. Le tout étant lié:

  1. Camp avancé trop bas. A 5400m, cela oblige à remonter jusqu'au col, de nuit, dans un chemin peu évident, d'où perte de temps et fatigue supplémentaire. Par contre cela élimine le problème des chutes de pierres. Mais l'emplacement de camp classique est-il vraiment si dangereux ? Nous n'avons pas entendu la moindre chute de pierres, mais le sol en est jonché. Les chutes se produisent-elles l'après-midi (chaleur) ?
    L'idéal eut été de camper une 1re fois vers 5080m (emplacements disponibles), puis de monter le lendemain au col. Ou alors qu'un porteur nous ait accompagné jusqu'au col pour porter par exemple les cordes fixes.
  2. Sacs trop lourds. En plus des cordes fixes, il y a nettement eu négligence, en tout cas de ma part, quant au "fond de sac": beaucoup de chose inutiles ce jour-là traînent dans mon sac. Je l'ai vidé au camp, pour comprendre! 15 kg pendant 2h à 5600m m'ont complètement vidé!
  3. Cordes fixes. D'après moi inutiles pour ce sommet, elles chargent inutilement les sacs. Ce problème peut éventuellement disparaître si l'on campe au col. Mais il existe une différence "culturelles": visiblement, au Népal on grimpe avec des cordes fixes. Peut-être faut-il un guide européen pour grimper en style "alpin", plus léger, comme nous en avons l'habitude pour des courses à ce (notre) niveau.
  4. Trop d'habits. Pas confortables, étouffants, empêchent le mouvement, trop lourds à porter, sur soi ou sur le sac. Une polaire-300 et la grosse veste auraient largement suffit!
  5. Trop d'informations. Finalement, nous pensions savoir qu'il allait faire -20°C le matin (Kaji), que le vent étaient tempétueux (tous), que le col était exposé aux chutes de pierres (les Français), qu'il y a eu un accident (Apa) quelques jours auparavant, etc... En réalité ce jour-là, pas un souffle de vent ni de chutes de pierres (peut-être parce que nous étions tôt), et pas froid ! Avec un camp avancé au col, il aurait été plus facile de décider quels habits porter.

Conclusion: un camp avancé au col reste le plus judicieux. Il est même possible d'après nous de camper sur le glacier et non sous la falaise. Pas trop d'habits et style alpin. Il n'en reste pas moins que Maud ne se sentait pas très bien et n'aurait peut- être pas pu aller beaucoup plus haut. Mais dans quelle mesure la soupe à l'ail et la fatigue de la montée ont eu une influence?
De manière générale, il est probablement plus judicieux de faire un trek ou un sommet. cela permet d'optimiser les affaires et le matériel à emporter au Népal, cela permet de ne pas être fatigué physiquement par 2 semaines et demi de trek auparavant, et de ne pas être émoussés mentalement, car la motivation baisse en "fin de parcours". Finalement, cela s'appelle l'apprentissage, et nous reviendrons, forts de cette expérience!

 

Jeudi 11 novembre: Thame (3800 m)

Dénivelé: -.
Horaire: jour de repos

Maud
Jour de repos. Nous déjeunons au soleil et à l’abri du vent sur la table de jardin d’Apa. Les porteurs font leur lessive et se lavent les cheveux à l’eau froide de la rivière. Je n’ai pas ce courage.
L’après-midi nous partons avec Nima pour visiter le Gompa de Thame, il est situé sur le flanc de la colline en dessus du village. Il a été restauré et fait partie des anciens Gompa de la région. Un magnifique cercle de vie est peint sur le mur à l’intérieur. Au centre du cercle les 3 péchés représenté par des animaux : l’envie par l’oiseau, la colère par le serpent et l’ignorance par le cochon. Le monastère est richement décoré de peintures et nous croisons quelques moines vêtus de leur robe couleur bordeau. Nima nous lit le texte gravé sur les pierres : Om Mani Padme Hum, ce qui doit signifier à peu près : père, mère apportez-moi la bonne fortune.
Nous rentrons au camp où le thé et des biscuits nous attendent. Nous faisons poser tout le monde pour une photo de groupe. Alain prend une photo avec le numérique et leur montre le résultat. Ils rigolent tous de voir leur bobine et celles des copains !

Alain
Rien ! Journée de repos, car nous sommes en avance sur notre programme! Nous passerons donc 2 nuits à Thame, et cette journée est consacrée au farniente au soleil. Ce matin, petit-déjeuner au soleil, il fait bon et c'est bon! Puis nous bouquinons et c'est déjà le dîner, vers 11h. Nous faisons ensuite une petite sieste dans la tente, car le vent se met à souffler et il fait sensiblement plus frais qu'hier.
Vers 13h nous montons au gompa perché sur la falaise avec Nima. En discutant avec lui au retour, il nous confirme que Tin-Tin est une bonne agence pour les porteurs, car elle les nourrit (sic) et les chausse. Il semblerait d'ailleurs que chaussures et habits (du moins en partie) soient de la location.
Fin d'après-midi dans la tente, photos de groupe et goûter.


 

Vendredi 12 novembre: Thame (3800 m)- Namche Bazar (3440 m)

Dénivelé: -360m
Horaire: 3h

Maud
Après une nuit agitée, levés plusieurs fois pour aller aux toilettes, y a un truc qui passe mal et nous avons bu trop de thé, nous quittons la lodge d’Apa et Thame pour rejoindre Namche. Nous avions passé 2 jours à Namche au début de notre trek, c’était les 26-27 octobre, la boucle est bouclée.
Le chemin de Thame à Namche est paisible et plaisant. Petit à petit la végétation augmente et la forêt nous entoure à nouveau. Nous croisons des sortes de pintades sauvages ainsi que des chamois népalais. Le chemin traverse plusieurs petits villages, les femmes sont dans les champs, elles ramassent les "yacks pizza" pour les fourneaux. Nous arrivons à Namche après 3h de marche. Nima nous achète du fromage de nack (femelle du yack), cela ressemble à du gruyère en moins salé ou du conté. Nous en offrons à toute l’équipe.
L’après-midi nous partons faire un peu de shopping : livres, cartes, bijoux, lungta, et autres babioles-souvenirs. Nous croisons Apa Sherpa qui est descendu avec ses enfants qui se rendent à Kathmandou pour étudier. Nous le remercions encore pour son accueil et sa gentillesse. Le temps se couvre, comme d’hab à cette altitude. Nous nous rendons à la pâtisserie Hermann pour boire un lait au thé (soit du lait chaud avec un sachet de thé à infuser) et manger une petite douceur … délicieux.
Cette nuit c’est la nouvelle lune, les enfants chantent et dansent dans les rues pour récolter de l’argent pour leur école et des bonbons. Nous dînons dans la lodge avec Dire Strait en fond sonore. Nima nous a fait du chou-fleur, du riz, de la viande au curry et un gâteau aux bananes.

Alain
Hier nous avons passé une 2e excellente soirée dans la lodge d'Apa. Je me suis plongé dans sa collection de magazine le concernant. Il y en a de toutes nationalités: népalais, suisses, français, coréens... En lisant le magazine suisse - l'article concernait l'expé de 2002 (et encore ici), menée par Stéphane Schaffter, avec Yves Lambert et Tashi Tenzig, respectivement fils de Raymond Lambert et Tenzig Norgay qui avaient fait une tentative jusqu'à 8600m en 1952 - je lui demande si c'est bien lui sur la photo. S'en suit une discussion sur les Suisses, sur l'Everest. Il me tend un bristol de cette expé 2002 et je lui demande de me le signer.
Réveil et petit-déjeuné au soleil, comme c'est agréable! Nous partons bientôt d'un bon pas le long de la vallée, cap sur Namche. Nous croisons Apa qui fait le même chemin que nous. Il emmène ses enfants à Kathmandou, où ils étudient. Poignées de mains et rires! Le chemin est très agréable. Nous passons d'impressionantes gorges, sous d'immenses peinture murales (litho-mani), longeons la ligne électrique du projet de coopération austro-népalais. En 3h nous sommes à Namche. Comme c'est étrange de se retrouver ici, plus de 2 semaines après. Nous ne sommes plus des novices, nous sommes acclimatés et reconnaissons sommets et ruelles!
Après le repas nous partons arpenter le bourg et faire du shopping. Je flâne dans une librairie et trouve deux livres jamais vus en Suisse: le livre de Vladimir Boukreiev, donnant sa version de la tragédie de 1996 à l'Everest et un ouvrage sur la géographie et la sociologie du Népal. En sortant du magasin, bing ! nous tombons sur Apa! Discussion, rires, le vendeur n'en revient pas! Puis nous repartons à la recherche de babioles-souvenirs. Je profite d'envoyer un e-mail à mes parents depuis un "cyber-centre". Le recevront-ils? J'imagine leur tête...
Le temps se couvre, il fait frais, tiens tiens...

 

Samedi 13 novembre: Namche Bazar (3440 m) - Phakding (2610 m)

Dénivelé: -830m
Horaire: 4h45 total, 3h15 de marche

Maud
Petite nuit, les enfants ont chantés dans les rues jusqu’à tard puis les chiens ont pris le relais. Nous partons vers 8h30 en passant par la pâtisserie, puis nous traversons le marché qui a lieu tous les samedi à l’entrée de Namche. Déjà que les rues sont étroites, mais avec le marché, c’est encore pire ! Il faut faire attention où on met les pieds ! Vers 9h nous quittons Namche pour rejoindre Phakding. Nous refaisons le chemin inverse d’il y a 3 semaines, cela sent la fin.
Nous nous arrêtons au bord de la rivière avant Jorsale pour déjeuner. Ici la cuisine est à ciel ouvert et nous admirons la dextérité des Népalais pour préparer un bon repas avec presque rien ! Nous repartons et en 2h nous rejoignons Phakding. Le chemin est facile, mais il paraît long ; il faut dire que le temps est couvert et nous connaissons déjà cet endroit, on s’ennuie donc un peu. Nous sortons du parc par le poste de contrôle, contrôle des passeports et des tickets d’entrée.

Alain
Finalement, avec le recul, je pense que Namche est une bourgade assez déplaisante. Ne serait-ce son point de vue sur l'Everest, le Lhotse et le Nuptse, ou le sur le Thamserku, elle n'a rien à offrir!
Certes, il y a des bars, des restaurants, des "cyber-cafés", il y a aussi des étalages de souvenirs qui vendent tous la même choses - bijoux, amulettes - en provenance de l'Inde ou du Tibet, du matériel de trekking et de montagne en provenance de Chine, ou, un peu plus utiles, des articles d'épicerie, alimentaires ou non.
Mais Namche est sale et boueux, insalubre, malgré l'argent qui est drainé ici. Car Namche, du moins certains de ces commerçants, est aisé, voire riche. Mais rien n'est fait pour éviter que les ruelles ne se transforment en égouts à ciel ouvert, que les places de camping ou le marché tibétain ne soient autre chose que des terrains vagues avec crottins de cheval et déjections bovines, pour que les toilettes "publiques" ne soient de simples cabanes avec un trou dans le plancher (nous en avons vu de plus propres et de plus salubres dans des endroits bien plus isolés) !
Bref, à l'aller, cela passait car nous étions en pleine découverte, mais au retour, on ne peut que se féliciter de n'y avoir passé qu'une seule nuit et deux à Thame!
En partant ce matin, nous faisons un crochet par le marché hebdomadaire du samedi. Là encore, bien qu'il soit cité dans tous les guides, je le trouve plutôt décevant: il tient sur deux longues terrasses d'une trentaine de mètres, à même le sol en terre battue, on s'y bouscule pour acheter essentiellement des denrées alimentaires. Aucun charme ! A ne pas confondre avec le marché tibétain, permanent, en bas du village, pas beaucoup plus intéressant.
Nous entamons ensuite la descente de 600m qui nous ramène dans la vallée de la Dudh Koshi et mangeons juste avant Jorsale. Le reste du chemin s'effectue sans histoire jusqu'à Phakding, sous les éternels nuages diurnes.
Excellent repas de Nima: momos avec une bonne dose d'ail, rouleaux aux légumes, patates, soupe succulente avec de petits morceaux de viandes et apple-pie. Ouf !

 

Dimanche 14 novembre: Phakding (2610 m) - Lukla (2840 m)

Dénivelé: -600m
Horaire: 3h total

Maud
Malades toute la nuit, pas mieux au petit matin. Nous émergeons difficilement de la tente et buvons un peu de thé. Nous partons vers 8h30, tout gentiment pour ne pas secouer nos estomacs. Après 30 min. Alain se sent mal et vomit son thé. Nima se sent responsable et il est désolé. Il porte le sac d’Alain afin de le soulager. Nous avançons lentement en faisant de plus en plus souvent des pauses, surtout Alain qui est blanc comme neige. Après 4h nous atteignons enfin Lukla. Nima nous prend une chambre dans la lodge et nous nous effondrons sur les lits dans un sommeil semi-réparateur.
Nous faisons l’impasse sur le lunch et le dîner, Nima est très déçu car il avait prévu un repas de fête. Nous mangeons un morceau de gâteau au chocolat pour lui faire plaisir et retournons nous coucher.

Alain
Mauvaise, très mauvaise journée. Le repas d'hier n'a absolument pas passé ! Diarrhée, vomissements... Nuit exécrable, quelques espoirs au réveil. Après une thé, c'est le départ. Rapidement la marche devient un enfer, chaque pas me secouant l'estomac ! Le trajet jusqu'à Lukla va prendre 4h, à un rythme de 2 CV, ponctués d'innombrables pauses pour me reposer, de vomissements et de courses aux toilettes. Mais il faut bien continuer, l'avion pour Kathmandou reste prévu pour demain.
Enfin l'arrivée ! Je suis encore assez lucide pour noter l'insalubrité qui caractérise également ce village sans aucun intérêt. Ce n'est pas une question de moyens, mais visiblement cela n'est pas une priorité. Bref, arrivée à la lodge, location d'une chambre, plongeon immédiat dans le sac de couchage.
Après une courte sieste, je me sens un peu mieux. Maud, qui est loin d'être en forme elle aussi, récupère gentiment. Nous descendons un moment à la dining-room, histoire de se réchauffer vers le poêle. Nima, déçu de ne rien pouvoir nous cuisiner (il n'a pas l'air de comprendre que nous ne pouvons rien avaler), nous préparera néanmoins un gâteau au chocolat en forme de coeur: adorable attention ! Nous le goûtons pour lui faire plaisir puis l'amenons aux porteurs. Deux d'entre eux sont d'ailleurs déjà partis dans l'après-midi rejoindre leur village. Maud offre ses chaussures d'alpinisme qu'elle ne veut pas ramener à Kaji, qui est visiblement très touché !

 

 

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