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Le Parc National Suisse - Grisons


Du 13 au 19 août 2005

Pour cette semaine du mois d'août, il est temps de quitter l'ambiance glacée et bleutée de la haute-montagne pour redescendre d'un étage, celui de la moyenne montagne et de toute la richesse, végétale et animale, qu'elle peut recéler. Nous choisissons de découvrir ces trésors dans un parc national, et de rester pour une fois en Suisse. Donc pas le choix, direction le Parc National Suisse (PNS), dans les Grisons; nous n'en avons qu'un, et encore, il n'est pas très grand ! Le PNS se situe à l'autre extrémité du pays, tout à l'est, au fond du canton des Grisons, plus précisemment en Engadine. A l'est et au nord c'est l'Autriche, et au sud c'est l'Italie. C'est sûr, nous sommes loin de Genève... Dans cette contrée mystérieuse, on y parle un drôle de langue, le romanche. Plus sérieusement, c'est notre quatrième langue nationale, et malheureusement elle se perd. C'est aussi dans cette région que l'ours, le premier depuis longtemps en Suisse, nous a gratifié d'une visite!


Sur une idée de la Piut', nous allons camper (dans un camping, pas à la sauvage, d'ailleurs c'est interdit) à Zernez, 1470 m! C'est un 4 étoiles, faut pas rigoler ! Le Piu, il aime bien sa douche chaude le soir ! Le camping est vaste, il n'y a pas trop de monde, et il est bien entretenu. Tout va bien. 450 km et 5 heures de voiture nous amène de Genève à Zernez, il faut (encore) beau, il ne reste plus qu'à monter la tente !

Le PNS, c'est bien organisé ! Il y a des circuits, numérotés, avec une carte correspondante. Comme il est interdit de sortir des sentiers, il n'y a qu'à choisir sa balade en fonction de la longueur et du dénivellé, et suivre les indications sur le terrain. Il est assez difficile de se perdre !

Dimanche 14 août. Pour cette première journée, nous choisissons un parcours assez court, cela nous permet de dormir un peu, et la météo n'a pas l'air trop encourageante. C'est le circuit didactique, n° 17, Val Stabelchod, Margunet (2328 m), Val dal Botsch. Le sentier est jalonné de panneaux explicatifs, fort intéressants. Nous passons sous des niches qui sont utilisées pour le programme de réintroduction du gypaète barbu. Nous en avons vu un ce jour-là, magnifique ! Nous découvrons le paysage, c'est assez différent de chez nous (voir les photos): assez minéral et noir. Cela fait un peu penser aux Alpes du Sud et le Mounier que nous avons grimpé il y a 2 ans. Heureusement que la balade n'est pas trop longue, car vers 14h00 la pluie se met à tomber, nous sommes presque à la voiture !

Lundi 15 août. Il pleut. Il a plu dans la nuit, il pleut ajourd'hui, et en plus il fait froid. Bien... A Scuols, dans une vallée voisine, en direction de l'Autriche, il y a une station thermale ! Des bains chauds, à l'intérieur, à l'extérieur, salés ou en eau douce, fumants, des bulles ou pas, du courant ou non. Puis une halte dans un tea-room histoire de remprendre des forces ... quelle journée !

Mardi 16 août. Il ne pleut plus, mais l'ambiance est encore humide: plafond assez bas, les sommets de plus de 3000m sont pris dans les nuages, vent et fraîcheur sont au rendez-vous. Mais il en faut plus pour nous retenir sous la tente ! Une petite éclaircie en direction de l'ouest, nous voici partis pour le Val Trupchun. Cet endroit est connu pour observer les animaux comme les cerfs, chamoix ou bouquetins. On peut coupler deux itinéraires proposés par le PNS, soit le N°1 Alp Trupchun et le N°2 Fuorcla Trupchun (2820m) . Compter alors 4h30-5h pour la montée et 3h de descente.

Le site est magnifique, toujours très sauvage. Partir par le sentier supérieur sur le flanc gauche de la vallée et revenir par le sentier puis la route carrossable sur le flanc droit. On a pu observer des troupeaux de cerfs de chamois et de bouquetins, des marmottes sifflants à tue-tête.Au col un gypaète nous a survolé à environ 10m de distance. Très impressionnant ! La première partie de l'itinéraire est très fréquentée et on a croisé plusieurs groupes accompagnés d'un garde du PNS, non pour les surveiller, mais pour donner des explications sur la faune, la flore et les formations géologiques. Par contre l'itinéraire N° 2 est beaucoup plus sauvage, peu de monde et une ambiance sévère ! Dans tous les cas ne pas oublier ses jumelles, car les cerfs et les chamois sont plutôt craintifs et se tiennent à bonne distance ...

Au retour, nous nous arrêtons dans le petit village de S-Chanf. Ce village, qui marque l'entrée de la Basse Engadine, a su conserver tout son charme et une architecture typique de la région. A conseiller aux amateurs de silence et de grands espaces.

Mercredi 17 août. Grand beau temps, le ciel est d'un bleu limpide, pas un nuage à l'horizon. Nous partons à pied du camping direction plein sud pour gravir le Murtaröl (2579m), itinéraire N° 6. Le départ dans la forêt est très agréable, bien que le sentier soit raide ! Une fois sorti de la forêt on longe le flanc ouest de la montagne pour rejoindre la crête. Nous voici nez à nez avec un chamois et son petit. Pas le temps de sortir l'appareil photo, ils ont déjà bondi et disparu derrière la crête !

Après 3h d'effort, nous voici au sommet. La vue y est magnifique et nous nous octroyons une petite sieste au soleil et à l'abri du vent. Des cumulus se forment sur les sommets, nous descendons par la crête nord et rejoingnons le sentier qui conduit à la cabane de Chamanna Cluozza. La forêt reprend ses droits, mais la pousse des arolles montrent bien que les conditions climatiques ne sont pas calmes dans la région. Ces pauvres arbres sont tout ébouriffés par les vents tempétueux qui peuvent souffler sur les crêtes.

En 2h, nous rejoingnons Zernez et profitons de passer par la maison du PNS où l'on trouve plein d'explications et d'expositions sur le Parc. Nous faisons un crochet par la Coop, ce soir ce sera BBQ !

Jeudi 18 août. Il fait toujours beau, mais la météo annonce des orages pour cet après-midi. Nous nous levons tôt, préparons les sacs et le pique-nique et quittons le camping à pied, cette fois direction est. Nous partons faire l'itinéraire N° 21 les Lais da Macun (2945m). Nous tournicotons un peu autour du quartier de l'église de Zernez pour trouver le départ du sentier. En fait il part juste à droite de l'église ! Nous montons en direction des paravanlenches. Une route carrossable existe et peut être empruntée, mais elle fait beaucoup de lacets et un sentier piéton coupe à travers la forêt. Arrivés vers les paravalanches, nous nous octroyons une petite pause, mais des essaims de mouches viendront rapidement y mettre fin. La route s'arrête à cette endroit et le sentier grimpe entre les paravalanches. On entend les barres de métal qui se détentent avec la chaleur et le soleil qui tape fort ! On rejoint la crête juste au dessus de la 2ème série de paravalanches. Le sentier devient alors plus technique et il faut traverser des blocs de rochers pour rejoindre le sommet.

La vue depuis le sommet est grandiose. En contre-bas plusieurs lacs aux eaux tranquilles reflètent le ciel et les nuages. On distinguent bien à la couleur de l'eau, les lacs d'eau de pluie et celui qui provient de la fonte d'un reste de glacier... Nous pique-niquons juste sous le sommet, au soleil et à l'abri du vent. Quelques personnes arrivent, mais ce n'est pas la foule.

Nous descendons en direction des lacs, d'abord en suivant la crête, gros blocs, jusqu'au col, puis dans un pierrier facile. Les rives des différents lacs poussent à la sieste, mais les cumulus bourgeonnent massivement et nous préférons accélérer le pas. La descente est longue, mais le sentier est bon. Nous arrivons à la cabane de Zeznina-Dadaint. Un coup d'oeil en arrière nous fait encore accélérer le rythme! Nous prenons le large sentier qui se transforme en route carrossable et rejoingnons Plan Sauaidas. Des champs de framboises des bois à perte de vue, mais le temps se fait de plus en plus menaçant et le tonnerre se fait entendre. Changement de rythme et footing obligatoire jusqu'à la gare de Lavin. On arrive juste avant l'orage et à temps pour prendre de train de 15h52. Attention prévoir de la monnaie pour l'automate à billets qui ne prend pas les billets et ne rend pas la monnaie !

Les orages sont très localisés et il ne pleut pas encore à la gare de Zernez lorsque nous arrivons, mais il faut faire vite si on ne veut pas être trempés. On court donc au camping. Le Piu qui avait délassé ses chaussures s'étale dans le parking de la gare ... mais on rejoint la tente juste avant une belle rincée ! Mon Dieu quelle journée ... 6h de marche et de course! Pour se remettre on s'empiffre de croûtes dorées !

Vendredi 19 août. Les orages se sont éloignés durant la nuit et il fait à nouveau beau. Mais la météo pour ce week-end est mauvaise. Nous décidons de lever le camp. Il faut alors tout ranger, faire sécher la tente, la plier et remplir la voiture avec tout notre bazar. Cela nous prendra la matinée et vers 11h30 nous quittons le camping et Zernez.

Nous prenons la route buissonière et profitons du temps qu'il nous reste pour découvrir la région. Petit crochet par St-Moritz, pas beau; Nous rebroussons chemin pour partir en direction de Pontresina et du Val Bernina. Avant d'arriver au départ du téléphérique de la Diavolezza nous apercevons la Bernina, le 4000 le plus oriental de Suisse. Nous pensions éventuellement le gravir, mais les conditions douteuses dans un massif que nous ne connaissons pas ne nous y ont pas encouragé ! Nous passons ensuite le col de la Bernina et descendons sur Poschiavo.

Poschiavo est une histoire de famille chez le Piu: Maman Leclercq avait une Grand-Maman, la Nona, qui était une Mengotti, famille originaire d'Italie et établie à Poschiavo depuis longtemps. La demeure familliale fut donnée à la commune et devint un Musée, le Palazzo Mengotti. Les armoiries de la famille figurent toujours au-dessus de la porte ! (Société historique du Val Poschiavo, en italien)

Nous passons la frontière et longeons la vallée (le Valtellina) qui nous mène au lac de Côme. Longue route peu intéressante, puis franchement pénible pour se rendre à Lugano, car elle devient très étroite et se croisent là allégrement voitures, camping-cars et autocars: un joyeux foutoir ! Nous faisons une halte à Lugano puis reprenons la route pour Locarno où nous comptons passer la nuit.

Samedi 20 août. Un magnifique orage est passé durant la nuit, prélude aux importantes pluies et inondations qui sévirons dimanche et lundi, créant une situation encore jamais vue en Suisse!

Nous empruntons la route du Centovalli, magnifique, et repassons en Italie, contournons Domodossola et retrouvons la Suisse et le Valais à Gondo, avant de franchir le col du Simplon et de descendre la vallée du Rhône jusqu'à la maison.

Deux jours de route dans de beaux paysages ont ainsi clôturé notre semaine. Nous avons été ravi de cette découverte du "Far East" suisse et emmerveillé par les beautés du Parc National. Les villages d'Engadine (ne parlons pas de St-Moritz, enlaidi par une construction anarchique) sont beaux et bien entretenus. La région donne vraiment envie d'y revenir en hiver, le coin doit être un paradis pour le ski de randonnée !!